Le Journal
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Le Festival International de Beauvais 2022 :
De la Musique avant toutes choses !
A quoi ressentons la formidable vitalité de la vie culturelle musicale française ? Sans aucun doute, à travers des événements d’exception, voulus, portés par des artistes qui le sont tout autant. Des événements qui se tiennent parfois, souvent, loin de la mondanité parisienne, dans des villes, petites ou moyennes, où le public se presse avec curiosité et passion. Tel est bien le cas du Festival International de Violoncelle de Beauvais qui fêtait cette année sa trentième édition. Une manifestation dont Emmanuelle Bertrand assure la Direction artistique depuis 2012. Ce festival, sous la houlette de l’une des violoncellistes de tout premier plan de la scène française et européenne, impressionne par la qualité de ses concerts et la chaleureuse convivialité qui s’y noue entre le public et les artistes. En effet, pour cette édition 2022 au Théâtre du Beauvaisis – Scène nationale , ou encore sous les voûtes de l’église Notre – Dame de Marissel, lors du dernier week-end, l’on a pu écouter, dans une atmosphère de grande exigence musicale, des interprètes de tout premier plan, tels le violoncelliste Edgar Moreau accompagné par l’orchestre symphonique de la Garde Républicaine, le duo piano et violoncelle, tout en finesse et fusion complice de Pascal Amoyel et Emmanuelle Bertrand et un trio faisant dialoguer en parfaite osmose d’âmes et de sonorités, le violoncelle de Gary Hoffman, la clarinette de Pascal Moragues et le piano de Claire Désert.
Si la musique est bien l’art du temps, ainsi immergés dans l’univers du violoncelle, durant un long week-end à Beauvais, on en venait à oublier le cours des jours, grâce à cette unité de lieu, de temps et d’instants musicaux partagés en toute harmonie entre les artistes et les auditeurs.
Les répertoires mêlaient les époques, mais ces journées s’écrivaient résolument au présent. Ainsi, ne furent-elles pas consacrées aux seuls concerts, mais s’ouvrirent aussi sur le monde extérieur et ses réalités parfois complexes. C’est ainsi qu’Emmanuelle Bertrand et sa fille Alma ont offert leurs musiques et prêté leurs instruments aux résidents de l’Arche, une institution qui accueille des déficients intellectuels. Ce concert, et cette rencontre étant le fruit d’une relation de plus de dix ans, à travers les liens tissés par Emmanuelle Bertrand avec cette institution et ses membres. Tel est sans aucun doute ce qui donne du sens à un événement, non pas simplement sa seule longévité, mais sa fidélité à un esprit, à une exigence, à l’évidente volonté de faire de la musique un art en soi, mais aussi un art de vivre, de transmettre et de communiquer. La musique est ce qui relie dit un proverbe chinois, à Beauvais cette pensée prend tout son sens. Pour décrire, l’esprit et la lettre de ce Festival International de Violoncelle, l’on pourrait ajouter cette phrase d’Emmanuelle Bertrand elle-même, parlant des fugues pour violoncelle de Bach c’est : « l’essence de l’âme populaire sublimée par un esprit bâtisseur.»